Mardi 21 Mai

Pour le contrôleur général des lieux de privation de liberté, la prison de Rémire, c’est le bagne, le travail en moins…

Pour le contrôleur général des lieux de privation de liberté, la prison de Rémire, c’est le bagne, le travail en moins…

Au chapitre suivant intitulé : «L’établissement connait un climat de violence extrême dans un contexte d’inactivité généralisée », le rapport souligne que «l’établissement présente la prévention de la violence comme une priorité mais les mesures mises en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux».

122 faits de violence graves ont ainsi été communiqués à la mission Outre-Mer de la direction de l’administration pénitentiaire entre janvier et septembre 2018

« La diminution de la surpopulation, couplée à une politique d’affectation des personnes détenues dans les divers bâtiments vise, en disséminant les membres d’une même communauté nationale, à prévenir les incidents les plus graves. Cinq meurtres ont été commis entre 2011 et 2016 ; la population pénale en garde un souvenir vif. Des incidents violents sont régulièrement à déplorer entre les personnes détenues, pour la plupart armées de couteaux artisanaux, tant pour se faire respecter que pour se protéger ; 122 faits de violence graves ont ainsi été communiqués à la mission Outre-Mer de la direction de l’administration pénitentiaire entre janvier et septembre 2018.», rapporte Adeline Hazan.

Soit, sur les neuf premiers mois de l’année dernière, pas loin d’un fait de violence grave tous les deux jours.

Au 31 décembre 2018 l’établissement note une baisse de 12% des violences entre personnes détenues passant de 177 en 2017 à 156 en 2018 (Nicole Belloubet)

Sur ce volet, Nicole Belloubet reconnaît que «le niveau de violences est élevé au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly depuis son ouverture».

Mais la Garde des Sceaux souligne qu’«au 31 décembre 2018 l’établissement note une baisse de 12% des violences entre personnes détenues passant de 177 en 2017 à 156 en 2018.».

Soit, un fait de violences entre détenus tous les deux jours passant à… quasiment un fait de violences entre détenus tous les deux jours.

Et, dans une période où le nombre de détenus a baissé, passant de plus de 900 au 1er janvier 2017 à un peu plus de 700 au 31 décembre 2018 notamment depuis que les mules non récidivistes ne vont plus en prison.

«Les violences physiques sur les personnels passent quant à elles de 28 à 14», en comparant les deux mêmes exercices, note par ailleurs la ministre.

Plus qu’ailleurs, les personnes détenues manquent de travail, de formation et de perspectives de réinsertion (…) Hormis les postes du service général, nécessaires au fonctionnement de l’établissement, aucun emploi n’est proposé par des entreprises extérieures

«Le personnel, débordé, reconnaît ne pas répertorier toutes les bagarres dont il a connaissance. Au cours de la visite, de nombreuses personnes rencontrées par le CGLPL (contrôleur, ndlr) ont dit craindre pour leur vie. Bien que la population pénale ait diminué, les éléments alimentant les tensions sont présents. Plus qu’ailleurs, les personnes détenues manquent de travail, de formation et de perspectives de réinsertion, dans un établissement où 350 à 400 d’entre elles sont sans ressources suffisantes. Hormis les postes du service général, nécessaires au fonctionnement de l’établissement, aucun emploi n’est proposé par des entreprises extérieures.», remarque le rapport.

Une absence des entreprises au sein de cette prison, décrite depuis de longues années, notamment sur ce site, voire au début des années 2000, par mes soins, dans La Semaine Guyanaise.

Et cela ne s’arrange pas : «En 2018, seuls dix-huit hommes ont suivi une formation qualifiante, pour laquelle aucune rémunération n’a été versée. Cela semble résulter, au regard des difficultés économiques locales, d’un choix de la collectivité territoriale de Guyane.», répète à sa manière, Adeline Hazan.

Lors d’un rapport de 2015/2016, la collectivité locale chargée de la formation à l’époque (Région) avait été pointée du doigt en des termes similaires par un rapport d’inspection générale faisant suite au mouvement social et à la mutinerie de juin 2015.

Sollicitée sur ce passage, la direction générale des services de la CTG n’avait pas encore répondu au moment de la mise en ligne de cet article

Quant à la formation professionnelle, cette mission n’a été reprise que tardivement par la collectivité territoriale de Guyane (Le Garde des Sceaux)

Dans sa lettre réponse, la ministre de la justice, pour sa part, pointe l’inertie -comprend-on- de la CTG dans ce domaine : «Quant à la formation professionnelle, cette mission n’a été reprise que tardivement par la collectivité territoriale de Guyane – en mars 2017 au lieu de janvier 2015 – (la ministre se trompant d’une année sur ce point, la CTG ayant pris naissance le 1er janvier 2016 même si son ancêtre compétent en la matière la Région ne faisait donc pas grand chose sur ce volet non plus, ndlr). A ce jour, aucune action de formation n’est rémunérée, en dépit des demandes réitérées de l’administration pénitentiaire. »

De nombreuses allégations selon lesquelles le travail est souvent offert en échange d’information ont été recueillies (Adeline Hazan)

«L’attribution des fonctions de service général par périodes de trois mois, est le seul moyen d’occuper un peu la population pénale et de juguler partiellement sa pauvreté. Dans la pratique, malgré l’existence de procédures, de nombreuses allégations selon lesquelles le travail est souvent offert en échange d’information ont été recueillies », affirme, par ailleurs, le rapport.

Le rapport note que le travail au sein de la prison«est accordé pour des périodes variables d’une personne à l’autre, excédant parfois une année ; les conditions dans lesquelles s’achèvent certains ‘contrats’ manquent de transparence, ce qui ajoute à la frustration, au sentiment d’arbitraire et au climat de suspicion régnant entre personnes détenues.».

«Dans un tel contexte de promiscuité, de pauvreté et d’oisiveté, les trafics, intimidations et violences se développent en cellule et sur la cour de promenade, amplifiés par une cohabitation difficile entre les différentes communautés »., poursuit le rapport.

La direction actuelle du centre pénitentiaire en prend dans la foulée pour son grade : «Le plan de prévention de la violence initié en 2015 n’est plus aussi activement investi par l’établissement. La présence des détenus facilitateurs, les groupes de travail sur les violences, ou le ‘vivre ensemble’ mis en place par le service pénitentiaire d’insertion et de probation se révèlent insuffisants.», estime Adeline Hazan.

Jeudi soir, selon nos confrères de Guyane la 1ère, la direction de l’établissement n’avait pas reçu l’autorisation de s’exprimer sur ce rapport.

«L’ensemble de la prise en charge pénitentiaire doit être revu en veillant à fournir des activités et des ressources aux personnes détenues. Le travail et les activités qu’elles soient scolaires, culturelles, sportives, professionnelles ou cultuelles sont le support privilégié d’un parcours de peine, susceptible à la fois de réduire la violence en détention, de permettre aux personnes détenues de préparer leur sortie mais également de protéger la société contre la récidive.», préconise en tout cas, le contrôleur, sur ce volet relatif au «climat de violence extrême» sévissant «dans un contexte d’inactivité généralisée.».

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