Vendredi 26 Avril

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Pollution présumée crique Yaoni : le directeur de la Compagnie minière Boulanger, objet d’un arrêté de mesures d’urgence, rejette les faits de délestage… sur une autre société

Pollution présumée crique Yaoni : le directeur de la Compagnie minière Boulanger, objet d’un arrêté de mesures d’urgence, rejette les faits de délestage… sur une autre société
Liberté de la préf : la Deal sommée de se taire

Suite aux propos de Philippe Mathéus et au regard de la teneur de l’arrêté, nous avions donc adressé une liste de questions au directeur de la Deal Raynald Vallée, dans le cadre des nécessaires investigations journalistiques sur ce sujet touchant à l’environnement.

Des questions sur 5 points

-Le premier, relatif à la société mise en cause par Philippe  Mathéus au sujet de cette pollution en matières en suspension. Il s’agirait donc, selon ce dernier d’une société proche de sa concession. Nous avons donc demandé à la Deal si les propos du directeur de CMB sur ce volet sont fondés et si la société pointée du doigt par l’intéressé a fait, elle aussi, l’objet d’un arrêté lui prescrivant des mesures d’urgence.

-Le second était une interrogation adressée à la Deal sur les mesures de contrôles imposées à CMB. Sont-elles conformes à ce qu’en dit M. Mathéus ?

-Le troisième (voir l’extrait du courriel au directeur de la Deal ci-dessus) étant une interrogation sur des lâchers d’eau reconnus a minima par le directeur de CMB mais, selon lui, effectués au… lendemain d’un constat de gendarmerie.

-Le quatrième était une demande permettant de contacter (par mail ou téléphone) la société mise en cause par le directeur de CMB, cette société ayant, selon un lien sur la toile offrant la carte d’identité de l’entreprise, un numéro de téléphone débouchant sur un interlocuteur nous affirmant n’avoir aucun rapport avec ladite société minière. Et la société (bien réelle) est inconnue des pages jaunes de l’annuaire.

-Le 5ème et dernier point (ci-dessus) soulevé auprès de la Deal était relatif à une information parue il y a un peu plus de deux semaines dans France Guyane imputant à une mine légale, la pollution crique Bagot, un fait pourtant impossible.

Et c’est là qu’intervient une attitude d’un autre temps, en tout cas inappropriée à la nécessité de répondre sur des faits conditionnant la vie publique, de la part de la préfecture de Guyane.

J’établis le contact avec une source bien informée à la Deal vendredi dans le courant de la journée.

Nous avons reçu ordre de la préfecture de ne pas vous répondre

«Nous avons bien reçu votre liste de questions mais je ne pourrai pas y répondre», m’y indique alors sans traîner le ou la fonctionnaire de la Deal contact(é)e par nos soins dont nous préserverons l’anonymat, l’intéressé(e) dévoilant alors le pot aux roses : «Tout simplement parce que nous avons reçu ordre de la préfecture de ne pas vous répondre».

Et la personne fonctionnaire d’ajouter peu après, un rien embêtée : «En fait, nous étions en train de répondre à vos questions quand nous avons reçu l’ordre de la préfecture de ne pas vous répondre».

Notre source précisant : «je ne sais pas si cet ordre de la préfecture est spécialement dirigé contre vous car d’autres journalistes ont essuyé un refus».

Pour terminer notre échange, la source au sein de la Deal impute enfin à une erreur de France-Guyane (3), l’info fausse de la pollution crique Bagot imputée à une mine légale dans les colonnes du quotidien il y a peu, le ou la fonctionnaire réfutant une fausse information donnée par la Deal à France-Guyane sur le sujet.

Nous avons demandé vendredi soir des explications par mail adressé au service communication de la préfecture, au préfet et au directeur de cabinet adjoint du préfet sur cette présumée obstruction à une simple enquête journalistique soucieuse d’y voir clair sur un sujet d’intérêt général.

Voici ce courriel

Plus de deux jours après, nous n’avons reçu aucune réponse de la préfecture qui ne dément donc pas, en l’état, son malheureux oukase.

Outre ce faisceau de présomptions quant à une obstruction manifeste au travail de vérification journalistique, étant donné que notre tentative de contacter, par ailleurs, la FedomG (Fédération des opérateurs miniers de Guyane) sur le portable de son service communication vendredi soir est, pour l’heure, restée lettre morte et qu’enfin un opérateur minier guyanais bien connu ainsi qu’une géologue travaillant pour cette filière nous affirment ne pas connaître la société minière mise en cause par le directeur de CMB, nous ne pouvons tirer de conclusions en l’état quant au rôle éventuel de cette société dans le rejet d’une eau chargée dans la crique Yaoni, n’ayant pu de surcroît la contacter à ce jour.

Seule info en notre possession sur cette société ayant une AEX, un officier de gendarmerie nous a affirmé que la gendarmerie avait émis un avis défavorable à l’exploitation de cette AEX sur Roura, au moment de l’instruction du dossier de cette société. Sans plus de précisions.

Au 10 mai, nous n’avions pas trouvé d’arrêté relatif à cette société pointée du doigt par le directeur de CMB, mis en ligne au recueil des actes administratifs de la préfecture de Cayenne.

Sur le volet pollution en matières en suspension, seul celui daté du 3 mai, concernant CMB, y figurait.

FF

(1) Dans son communiqué du 8 mai dernier, le préfet a confirmé, comme l’avait révélé Guyaweb (voir cet article) dès le 21 avril, «une turbidité excessive constatée dans la crique Bagot en amont de laquelle ne se trouve aucune exploitation aurifère légale» et qui «provient donc d’une exploitation aurifère illégale.»

(2) Le directeur de CMB cite nommément la société minière qu’il met en cause au cours de notre entretien. Nous ne diffusons pas, en l’état, le nom de cette société au regard de l’obstruction dont est victime notre souci d’effectuer un travail journalistique équilibré dans cette affaire et de notre impossibilité pour l’heure de joindre le gérant de ladite société.

(3) Contacté samedi par courriel, le rédacteur en chef de France Guyane, Herman Rose-Elie n’a pas pour l’heure donné suite. Nous souhaitions lui demander pourquoi France-Guyane avait fait état d’une information imputant la pollution crique Bagot à une mine légale, fait matériellement impossible.

 

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12 commentaires

  • Morvandiau

    Sur les exploitations de CMB, il y gravite plus de garimpeiros que sur les sites illégaux. On y réhabilite que ce qui est visible depuis la route, mais pas le reste. Cette société minière ravage complètement tout le remarquable massif entre Coralie et Cacao, ainsi que les bassins alluvionnaires comme celui de la Boulanger ou de la Yaoni.
    Pendant qu’on s’indigne du potentiel dévastateur de l’éventuelle Montagne d’Or, la destruction est déjà à un stade très avancé dans ce secteur à 60 km de Cayenne, et la superficie des dégâts est sans commune mesure.
    C’est un vrai scandale environnemental qui s’opère dans l’indifférence générale et ce depuis des décennies maintenant.

  • Mariecof973

    L’OR cet univers impitoyable ou les dessous des activités aurifères qu’elles soient légales ou illégales ! de quoi alimenter les scripts des prochaines saisons GUYANE ! Merci Monsieur Farine pour vos enquêtes poussées

  • GZ

    Chiche !
    La Guyane connaît donc une (des ?) société minière légale et légalement secrète …
    L’attitude cachottière devrait être d’un autre temps selon nos rêves – mais elle ne l’est pas. C’est carrément un pb culturel – comme je viens de dire ya peu…

  • GZ

    Je m’en souviens très bien et allais dire que ta nouvelle mise au ban se profile :-)) Va, une lettre de noblesse de plus dans ce caniveau fétide…

    Note toutefois que ton contact DEAL a allègrement violé la loi – dans la mesure où la jurisprudence administrative saurait être nommée Loi…
    Raconte donc à ce brave que, selon l’avis (=jurisprudence) constante de la CADA, la communication d’un document à caractère public (à moins de tomber sous les exceptions très précises le rendant non-communicable) ne tolère aucune autorisation et aucune interdiction.

    A savoir que, dès lors qu’un document/information est par nature communicable (et là il l’est, de toute évidence), sa communication est une obligation légale.
    Or, l’exécution de la loi s’impose à tous et ne demande aucune autorisation. La simple demande de l’autorisation d’un supérieur est déjà un acte délictueux. Quant à l’interdiction de communication, elle est illégale en soi, fut-elle d’un préfet.
    Telle est la loi, la belle loi. La théorie, quoi. Poses et semblances face à la réalité du (ir)respect des lois.
    Pb institutionnel, mais je pérore pitèt.

  • FF

    Absolument c’est sidérant : à la question simple par exemple y a-t-il un arrêté de mesures d’urgence concernant une autre société minière légale que CMB. Réponse : « ordre reçu de la préfecture de ne pas vous répondre ». La Guyane serait-elle une apparence d’état de droit ?

  • FF

    Et enfin, selon une jurisprudence de la Cour européenne , le devoir de réserve du fonctionnaire (qui ne concerne évidemment pas les documents communicables) s’efface lorsqu’l dénonce un fait d’intérêt général (voir l’affaire de l’infirmier de Taluen qui avait dénoncé il y a quelques années l’état du centre de santé et que la direction de l’hôpital de Cayenne souhaitait sanctionner avant de rétropédaler)

  • LEAURENT

    Pas besoin d’aller voir la Yaoni pour verbaliser la CMB, il suffit de passer le pont de la RN2 sur la crique Boulanger : des tonnes d’alluvions rejetées dans l’Orapu… depuis des années.
    2 poids, 2 mesures?

  • GZ

    Non, pas la Guyane : la Guyane N’EST PAS un état…

    Le « devoir de réserve » n’est qu’une invention pour cacher cet état de fait…

  • moibeni

    garrot-chaillac aussi transparent que l’eau de la crique : info greffes 1/12/2017 Comptes annuels non déposés
    31/12/2016 Comptes annuels non déposés
    31/12/2015 Comptes annuels non déposés
    31/12/2014 Comptes annuels non déposés

  • Francois

    les rézos des kopains vérolent aussi certains services de la CTG et de l’Etat – incroyable comme ces exploitants miniers se moquent des lois de la République ! Et ils veulent nous faire croire qu’ils réhabiliteront les sites après exploitation ? J’ai la même analyse que l’ami Morvandiau, et pour avoir séjourné pendant 8 ans chaque année quelques semaines vers Cacao je confirme l’ampleur des destructions et pollutions .

  • Maiouri Nature Guyane

    Certains agents de la Deal Guyane semblent méconnaitre l’Article 28 de la Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires.
    – « Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l’exécution des tâches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.
    Il n’est dégagé d’aucune des responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés ».

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