Jeudi 02 Mai

Chantal Berthelot : « l’Accord de Guyane sera ma feuille de route »

Chantal Berthelot : « l’Accord de Guyane sera ma feuille de route »

Chantal Berthelot, députée sortante et candidate à une troisième mandature dans la deuxième circonscription s’est aussi prêtée au jeu de nos questions écrites envoyées à l’ensemble des 18 candidats* en lice aux législatives en Guyane, des 10 et 18 juin. 

Elle sera face à 7 autres candidats dans la deuxième circonscription de Guyane: Richard Joigny (Parti Progressiste Guyanais); Paul Persdam (La France Insoumise); Juliana Rimane (Les Républicains), ancienne députée; Jean-Etienne Antoinette (Walwari), ancien maire de Kourou et ancien sénateur; Davy Rimane, ancien porte-parole du collectif Pou Lagwiyann Dékolé et secrétaire général de l’UTG-Eclairage; Bernard Taddeï (Union Populaire Républicaine); Lenaïk Adam (La République En Marche).

1/Quel métier exercez-vous ?

Je suis agricultrice depuis 1983 et le suis toujours aujourd’hui. Mon exploitation d’élevage bovin se situe à Macouria, dans la savane bordelaise. Je ne cache pas ma fierté d’être paysanne ! C’est l’École de la vie : la rigueur, la ténacité, la solidarité, le partage. Mais toujours une responsabilité et un plaisir : celui de cultiver la terre.

2/Pourquoi vous lancez-vous dans ces élections législatives ?

J’ai toujours eu à cœur de poursuivre mes engagements et de concrétiser les combats menés au service de la Guyane. Beaucoup de choses ont été accomplies au cours de mes deux précédents mandats. Mais la route est encore longue et les défis à relever pour la Guyane sont d’une importance capitale. Je n’abandonnerai donc jamais mon pays. Encore moins en cette période décisive marquée par la nécessaire concrétisation et application de l’Accord de Guyane. J’ai activement participé à son élaboration et à sa signature aux côtés des forces citoyennes, syndicales et politiques de Guyane. Cela sera donc ma feuille de route.

3/Quelles sont les forces politiques qui vous soutiennent ?

Je suis une femme de gauche et me présente sous l’étiquette « Divers Gauche ». N’ayant brigué l’investiture d’aucun parti ou mouvement politique, je jouis d’une totale liberté dans mon action.
J’ai toutefois le soutien du mouvement A Gauche En Guyane (AGEG) et du Parti Socialiste Guyanais (PSG), dont je partage les valeurs socialistes, humanistes et progressistes.

J’ai en outre reçu le soutien de maires de Guyane, du littoral aux communes de l’intérieur en passant par le fleuve, qui souhaitent que nous poursuivions notre collaboration au service de la seconde circonscription.
Les citoyens, les associations, les syndicats, mais aussi les professionnels, les scientifiques avec lesquels je travaille depuis plus de 10 ans sur le terrain me témoignent quotidiennement leur soutien et me motivent à poursuivre mon action à leurs côtés.

4/Quels sont les sujets que vous comptez défendre en priorité devant le Parlement ?
Ma priorité absolue sera de défendre notre Guyane et de faire vivre l’Accord de Guyane. Faire en sorte que les termes en soient parfaitement respectés.

Je le répète : l’Accord de Guyane sera ma feuille de route, avec certaines thématiques d’une urgence absolue, comme l’éducation, la santé, la sécurité et la justice mais aussi l’environnement et nos besoins en infrastructures.

5/Quelle sont les propositions de loi que vous comptez élaborer au cours de votre mandat ?
Mon expérience parlementaire me permet de mesurer et de relativiser la portée et l’efficacité réelles des propositions de loi (PPL), qui pour leur écrasante majorité ne sont jamais inscrites à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et restent donc lettres mortes.

Prenons l’exemple de ma proposition de loi n°1142, du 13 juin 2013, visant à renforcer la lutte contre l’orpaillage illégal et la pêche illicite. Face à l’impossibilité d’obtenir la garantie de son inscription à l’ordre du jour dans les meilleurs délais, j’ai agi en responsabilité, et privilégié l’intérêt supérieur de mon territoire et l’efficience de mon action à une quelconque reconnaissance personnelle et historique qu’offrent pourtant les PPL. En d’autres termes, j’ai choisi de traduire sous forme d’amendements les articles de ma PPL pour les intégrer et les faire voter à l’occasion de l’examen du projet de loi portant diverses dispositions pour les Outre-mer en octobre 2013. Ainsi, les mesures indispensables, et d’urgence, pour mieux lutter contre l’orpaillage illégal et la pêche illicite ont pu être votées, promulguées et surtout appliquées sur le terrain dans les meilleurs délais.

Il faut donc faire preuve d’honnêteté à l’égard des Guyanais et de pragmatisme dans notre engagement à leurs côtés. Je mettrai notamment en place une plate-forme collaborative pour dégager des thématiques prioritaires. Des groupes de travail citoyens seront ensuite chargés de participer à la rédaction de propositions de loi à mes côtés, qui pourront être traduites, le cas échéant, sous forme d’amendements.

6/La loi de moralisation de la vie publique sera présentée avant le deuxième tour des élections législatives: quelle est votre position sur ce sujet ?
Nous traversons une période marquée par une grande défiance, et même parfois une suspicion, à l’égard de la classe politique. Beaucoup de citoyens ont perdu confiance dans la parole politique et la sincérité de l’engagement de certains élus. Ils attendent des élus honnêtes et éthiques mais aussi des actes concrets !

C’est pourquoi je suis entièrement favorable à ce projet de loi de moralisation de la vie publique qui permettra de poser une nouvelle pierre dans la restauration de cette confiance et du lien qui doit unir les citoyens et leurs représentants. C’est dans ce même état d’esprit que j’avais voté avec conviction la loi pour la transparence de la vie publique et la loi instaurant le non cumul des mandats.

Mais il faut aller encore plus loin : en imposant plus de transparence et de contrôle dans l’utilisation des différentes indemnités parlementaires, comme l’IRFM, et en limitant à trois les mandats nationaux dans le temps.

7/Comment comptez-vous faire appliquer concrètement l’Accord de Guyane ?

En travaillant étroitement avec l’ensemble des signataires de l’Accord de Guyane : le Collectif Pou Lagwiyann Dékolé, les Parlementaires, la CTG et l’Association des Maires de Guyane. Mais aussi en s’appuyant et en donnant tout son rôle au Comité de Suivi qui a été mis en place. La Marche du 28 mars dernier nous a montré à quel point nous étions forts et incontournables si nous restons unis et solidaires. C’est donc collectivement que nous parviendrons à maintenir la pression sur l’État et le nouveau Gouvernement. Et nous assignerons, s’il le faut, l’État devant la Justice pour faire respecter cet Accord.

8/En cas d’élection, comment comptez-vous couvrir votre circonscription ?

Je sillonne régulièrement les 14 communes de la seconde circonscription pour échanger directement avec la population et recueillir leurs doléances. Ce contact direct, cet échange, est à mon sens indispensable au travail parlementaire. C’est ce qui le nourrit, lui donne du sens.

Parallèlement à ces rencontres, je poursuivrai mes « Facebook live » à un rythme mensuel. L’exercice est non seulement très intéressant et stimulant, mais il est surtout très utile à mon action.

Je continuerai également de tenir informés mes concitoyens au travers de mes lettres semestrielles. Elles permettent de faire des « points d’étape » de mon activité parlementaire afin que chacun puisse juger de son efficacité.

Enfin, je mettrai en place une plate-forme participative et collaborative qui offrira à chacun l’opportunité d’exprimer ses besoins, sa réalité sur un sujet ou une problématique donnée. Ces contributions « numériques » permettront à chaque citoyen de la circonscription qui le souhaite de participer activement et directement aux travaux parlementaires en proposant notamment des amendements.

9/Quels sont vos principaux arguments pour convaincre les électeurs ?

La sincérité et la loyauté de mon engagement en premier lieu. Les Guyanais qui me connaissent le savent : j’aime profondément mon pays et j’aime encore plus le servir. C’est à la fois une responsabilité, un honneur et un plaisir.

Face aux urgences sociales, sanitaires et sécuritaires qui frappent la Guyane, nous devons aller vite ! Il faut donc des députés immédiatement opérationnels, qui maitrisent les dossiers, les rouages de l’Assemblée nationale et le fonctionnement de nos institutions. Je souhaite donc mettre toute l’expérience que j’ai acquise grâce à la confiance que les Guyanais m’ont accordée à deux reprises au service de mon territoire.

10/Des candidats issus du collectif Pou Lagwiyann Dékolé se présentent aux élections législatives, alors que pendant le mouvement social de mars et avril, le collectif Pou Lagwiyann Dékolé avait mis les politiques à l’écart, vous interdisant de négocier avec l’Etat, quel est votre regard sur ces candidatures ?

En préambule, je tiens à rétablir une vérité : le Collectif ne m’a jamais interdit de négocier avec l’État. J’ai pris seule la décision de ne pas discuter avec les hauts- fonctionnaires mandatés par le Premier ministre. Et je me suis ensuite exprimée devant les Ministres pour dénoncer les manquements historiques de la République en Guyane, l’absence de cadre républicain.

Cela dit, je salue l’engagement citoyen, quel qu’il soit. Nous devons respecter et nous appuyer sur la complémentarité des fonctions, des rôles et des compétences de chacun : citoyens, associatifs, syndicalistes ou élus… Nous avons montré au monde entier la force de cette union et de cette complémentarité à l’occasion de la Marche du 28 mars 2017. Cette dans cette même dynamique que je m’inscris pleinement aujourd’hui.

Quels sont vos outils numériques de campagne ? Facebook : @Berthelot2017
Twitter : @ChantalGuyane
Instagram : –
Site web : www.cberthelot-guyane.fr
Autre(s) : Fabebook live une fois par mois

A quoi sert un député ?

Elus au suffrage universel direct, les 577 députés – 539 de l’Hexagone, 27 des Outre-mer et 11 des Français de l’Etranger – composent avec les sénateurs le Parlement qui se réunit notamment tous les mardis et mercredis pour les questions d’actualité. Un député est élu pour cinq ans et a pour mission de discuter et éventuellement de voter les projets de loi du gouvernement mais il peut aussi déposer des propositions de loi. En plus du vote des lois, le député a pour mission de contrôler l’action du gouvernement en posant des questions écrites ou en posant des questions orales en séances publiques.

Comment est-il élu ?

Les candidats qui recueilleront la majorité absolue des suffrages exprimés, représentant au moins 25% des électeurs inscrits, seront élus dès le premier tour. Si un second tour est nécessaire, pourront se présenter les candidats ayant obtenu un nombre de voix au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits. Si aucun candidat ne remplit cette condition, pourront se présenter les deux candidats ayant obtenu le plus de voix au premier tour.

Au second tour, le candidat qui aura recueilli le meilleur résultat sera élu, même à la majorité relative. Et en cas d’égalité entre deux candidats, c’est le candidat le plus âgé qui sera élu au bénéfice de l’âge.

Particularité des prochains députés
Ils ne pourront plus cumuler de mandats. La loi du 14 février 2014 interdit en effet le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de député ou de sénateur. Député sortant de la 1ère circonscription de Guyane, Gabriel Serville le député-maire de Matoury qui se présente à nouveau aux élections législatives est ainsi directement concerné.

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4 commentaires

  • tchippp deux mandats et tout ce qu’elle accouche c’est les accords pou la guyane ! opportuniste ! plagia !

  • Jmc

    Sauf erreur de ma part, il me semble que Lenaik Adam est aussi candidat dans cette circonscription.
    Pour le reste Madame Berthelot est une femme intègre sans aucun doute qui fait bien ce qu’elle peut, noyée certainement dans la masse des députes. Il aurait été bien cependant de préciser dans l’interview si elle est élue dans quel groupe parlementaire compte t’elle siéger.

  • Il est temps de changer nos anciens députés par du neuf…

  • beaumont

    le genre de député fantoche dont la Guyane crève… il faut renouveler tout cela et que madame Berthelot retourne s’occuper de son exploitation agricole

    De l’air…..

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