Jeudi 25 Avril

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Le numéro 1 de la police en Guyane interdit, par la justice, d’exercer les fonctions d’OPJ pendant 5 ans sur le territoire national…

Le numéro 1 de la police en Guyane interdit, par la justice, d’exercer les fonctions d’OPJ pendant 5 ans sur le territoire national…
Nouvelles révélations : le commissaire s'est pourvu en cassation !

Le directeur départemental de la sécurité publique en Guyane, autrement dit, le numéro 1 de la police en Guyane, Olivier Le Cardinal, interdit pendant 5 ans d’exercer les fonctions d’officier de police judiciaire (OPJ)

C’était incontestablement l’information du début de journée, révélée par nos confrères de France-Guyane, qui plus est dans un contexte de crise sociale.

Et ce, même si la procédure intentée à l’encontre du commissaire divisionnaire est largement antérieure à cette crise, nous a-t-on confirmé de sources concordantes.

C’est la Cour d’appel de Cayenne, réunie en Chambre du conseil (autrement dit lors d’une audience non publique contrairement à ce qu’ont écrit, en revanche, nos confrères) qui a débattu du cas de l’intéressé, le mardi 21 mars dernier dans la journée, nous a précisé le procureur général Jean-Frédéric Lamouroux, contacté par nos soins.

La Cour a rendu son arrêt de sanction le même jour.

Le refus d’un certain nombre d’autorités de l’Etat de faire le moindre commentaire sur cette décision, la surprise proche de l’indignation qu’elle peut susciter chez certains policiers et au sein même d’un syndicat de la police nationale donnent à cette affaire un parfum d’intrigue au plus mauvais moment.

Guyaweb a commencé à enquêter…

« Cela fait plus d’un an que le préfet Martin Jaeger souhaitait le départ d’Olivier Le Cardinal. Le parquet général et la Cour d’appel ont, en quelque sorte, donné le coup de grâce au commissaire », affirme ce cadre de la police sous réserve d’anonymat.

« Le 21 mars dernier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Cayenne a prononcé à l’encontre de Olivier Le Cardinal, directeur départemental de la sécurité publique de la Guyane, l’interdiction d’exercer durant cinq ans et sur l’ensemble du territoire national les fonctions d’officier de police judiciaire.», a indiqué ce vendredi à l’auteur de ces lignes, Jean-Frédéric Lamouroux, procureur général près de la Cour d’appel de Cayenne.

«L’arrêt a été rendu en chambre du conseil et n’appelle aucun autre commentaire de ma part.», a poursuivi le magistrat du parquet général chargé, le 21 mars dernier, de soutenir l’accusation de manquements professionnels, à l’encontre du numéro 1 de la police sur le territoire.

L’expression «en chambre du conseil» est souvent bien commode pour qui ne souhaite guère confronter l’opinion publique aux faits.

«Elle signifie que l’audience s’est tenue hors la présence du public et que la décision a été rendue dans les mêmes conditions. Dans ce cadre, je ne suis pas autorisé à vous livrer d’autres informations.» m’a encore indiqué M. Lamouroux.

Dont acte.

Rien n’interdit à un journaliste, en revanche, d’enquêter sur ce type d’affaire vraiment pas anodine voire de se procurer la décision.

Joint par nos soins, à la mi-journée, Olivier Le Cardinal a confirmé la sanction dont il vient de faire l’objet (c’est à dire l’interdiction d’exercer les fonctions d’OPJ pendant 5 ans) indiquant avoir effectivement reçu notification de cette décision par huissier mercredi.

Paris m’a, pour le moment, demandé de fournir des explications écrites (Olivier Le Cardinal)

Indiquant ne pas souhaiter commenter cette décision pour «ne pas jeter de l’huile sur le feu », l’intéressé réfutait en revanche, à la mi-journée, la seconde information avancée par France-Guyane vendredi, à savoir, son départ immédiat pour l’Hexagone.

«Paris m’a, pour le moment, demandé de fournir des explications écrites», a-t-il simplement indiqué à la mi-journée.

Rien n’exclut toutefois un vol bleu à terme, estime-t-on dans les rangs de la police de Cayenne. Encore faudrait-il qu’il y en ait…

Comment en est-on arrivé là ?

Selon une source au sein de la police, il aurait été principalement reproché au commissaire Olivier Le Cardinal, un gros retard de traitement des dossiers judiciaires au sein du commissariat et principalement celui des commissions rogatoires de juges d’instruction.

Toutefois, celui-ci aurait confié à des proches avoir trouvé « 17 000 dossiers en stock (!) «  et donc non bouclés à son arrivée au commissariat de Cayenne en août 2013. Un retard très conséquent qu’il aurait essayé de faire résorber sans totalement y parvenir, finissant  par admettre que l’effectif du commissariat n’était pas en mesure de traiter la masse des affaires.

«On arrive quand même à traiter 6000 procédures par an, soutient un cadre de la police, mais effectivement le retard pris est trop difficile à rattraper notamment en matière de commissions rogatoires ».

Vendredi, le brigadier-chef Willy Ranguin, secrétaire régional du syndicat SGP Police était un tantinet perplexe au sujet de cette sanction  : « l’activité criminelle est immense en Guyane et au commissariat de Cayenne, notamment le service de la sureté urbaine est largement sous dimensionné car l’activité est disproportionnée par rapport au nombre de collègues qui font les procédures. Après vous savez comment ça fonctionne, la responsabilité incombe au responsable du service, en même temps, ce que j’ai lu dans France Guyane me sidère un peu, on y parle de règlement de compte etc. »

Au cas où le seul reproche concernerait ce retard dans le traitement des procédures (le parquet général n’a voulu ni confirmer ni infirmer ce point), pour Willy Ranguin : « cela revient à pisser dans un violon. M. Le Cardinal va pouvoir se défendre de ça parce que la première chose que fait un commissaire quand il arrive c’est un audit pour dire : voilà quand je suis arrivé tel était le constat. Cette procédure m’apparaît franchement brutale et de toute ma carrière, c’est la première fois que je vois ça ».

Nos confrères de France-Guyane avancent, pour leur part, que le préfet Martin Jaeger pourrait être à la manœuvre depuis un moment afin d’obtenir le départ du directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), c’est ce que croit également une source proche du commissaire.

Le quotidien guyanais affirme à ce sujet que courant 2016 :  » un courrier du préfet » aurait mis en cause « les compétences d’Olivier Le Cardinal ».

Interrogé sur ce présumé courrier, le préfet a d’abord botté en touche en nous faisant cette réponse via son service de communication : «le préfet ne fait et ne fera aucun commentaire sur l’article de France-Guyane ».

Nous avons dès lors insisté auprès du service com du préfet pour souligner que nous souhaitions savoir d’une part, si ce courrier du préfet existe et si, d’autre part, comme nous l’indique une source proche du dossier, le préfet souhaitait le départ de M. Le Cardinal depuis un bon moment : « le préfet ne fait pas de commentaire », nous a-t-on répété.

Donc la préfecture ne confirme pas mais ne dément pas non plus.

En même temps, nous n’avons pas trouvé, pour l’heure, de personnes confirmant avoir lu ce présumé courrier.

De sources concordantes toutefois, le commissaire Le Cardinal a fait l’objet d’une enquête de commandement en mai/juin 2016, une enquête donc forcément demandée par quelqu’un.

Même silence au niveau du parquet de Cayenne : « c’est une procédure de la Cour d’appel. Je n’ai pas du tout eu à en connaître. Je vous invite à vous rapprocher du procureur général « , nous a indiqué vendredi après-midi, le procureur de la République, Éric Vaillant.

Interrogé sur cette possibilité de relations pas au beau fixe entre le parquet de Cayenne et le commissaire Le Cardinal, dont nous a fait part une source bien informée,  le procureur a, lui aussi, décliné l’invitation à s’exprimer : « Aucune déclaration à faire », a rétorqué M. Vaillant qui ne confirme pas mais ne dément pas non plus les relations tendues.

Cela fait quinze ans que je travaille au commissariat de Cayenne. On n’a jamais été en avance, c’est sûr. Alors, a-t-on besoin d’un fusible ?

 

Revenant pour sa part sur le retard de traitement des dossiers au commissariat de Cayenne, le syndicaliste Willy Ranguin souligne «On a toujours eu ce problème là. Cela fait quinze ans que je travaille au commissariat de Cayenne. On n’a jamais été en avance, c’est sûr. Alors a-t-on besoin d’un fusible ?  »

Avant d’ajouter : « si c’est le seul mobile de la sanction, cela m’étonne, cela fait penser à des relations tendues entre certains. Mon opinion c’est qu’on voulait sa tête » , conjecture le syndicaliste qui admet toutefois ne pas encore avoir lu la décision de justice sanctionnant Olivier Le Cardinal.

Mais qui a donc déclenché cette procédure à l’encontre du commissaire ?

«Dans notre cas, le président de la chambre de l’instruction en application de l’article 225 du code de procédure pénale » nous a précisé le procureur général Jean-Frédéric Lamouroux.

Le code de procédure pénale prévoit en effet que la Chambre de l’instruction exerce un contrôle notamment sur les officiers de police judiciaire (voir ce lien dont l’article 225).

En revanche, le procureur général ne précise pas quels éléments ont pu inciter le président de la Chambre de l’instruction à se pencher sur le cas Olivier Le Cardinal.

Le mardi 21 mars, Olivier Le Cardinal n’était pas à l’audience non publique le concernant devant la Cour d’appel

Selon une source au sein de la police, il était en réunion au sujet de la crise sociale et du barrage érigé la veille rond point Carapa à Kourou, notamment avec les « 500 frères. ».

En son absence, l’arrêt de la Cour d’appel réunie en Chambre du conseil a donc prononcé à son encontre : «l’interdiction d’exercer durant cinq ans et sur l’ensemble du territoire national les fonctions d’officier de police judiciaire».

Vendredi après-midi, Olivier Le Cardinal s’est pourvu en cassation.

«Cette affaire tombe au bien mauvais moment, indique une source proche du dossier.  Elle met en lumière l’imparfaite cohésion entre les services de l’Etat chargés de la sécurité en Guyane.»

Etonnant, non ?

FF

 

 

 

 

 

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5 commentaires

  • « celui-ci aurait confié à des proches avoir trouvé « 17 000 dossiers en stock (!) « »
    Si nous revenions au point de départ, la lutte contre l’insécurité. Il est évident que le manque de moyens en personnel, en matériel, ne fait qu’aggraver cette insécurité pendant que notre préfet nous bassine depuis des années avec LE sentiment d’insécurité. J’ai LE sentiment qu’on nous prend pour des c..s. Si la marmite explose, que le mouvement bascule vers la violence, il sera autant responsable de la situation que ceux qui nous manipulent en prévision du grand soir. Le réveil du petit matin risque d’être dur…

  • oceaneokio

    Bonjour

    Il n’a pas pris cette décision tout seul, sa hiérarchie était au courant, laisser pourir les choses, laisser la merde s’installer, il y a une volonté politique délibérée que ce genre de situation perdure et le plus longtemps possible.

    Un noir qui réfléchi, c’ est très dangereux.
    je ne peux que vous conseiller la toile The Birth of a Nation.

    Le mouvement est en marche.

  • « Un noir qui réfléchi, c’ est très dangereux. » Pourquoi ? en temps ordinaire, un noir ne réfléchit pas ? Entre réfléchir et rêver, la marge est profonde. Nous nous sommes tous levés contre l’insécurité, pour des revendications justifiées par la suite, pas pour l’indépendance. Encore moins pour la prise de pouvoir par un illuminé.

  • dabo

    C’est une sanction très lourde qui n’a certainement pas été prise sans raisons sérieuses.
    Y aurait-il des affaires qu’on aurait laissé traîner? Des personnes qu’on aurait protégé, ou laissé protéger, de suites judiciaires?

  • Avez-vous lu la décision en question ? Ceux qui la commentent l’ont-ils lue ?
    Peut-on commenter une décision sans l’avoir lue ?

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