Samedi 27 Avril

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Depuis Camopi, le chef de l’Etat annonce un « Harpie 3 »

Depuis Camopi, le chef de l’Etat annonce un « Harpie 3 »

Depuis la base milliaire opérationnelle avancée du 3e REI à Camopi, commune de l’Est de la Guyane, Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces concernant la lutte contre l’orpaillage illégal. Le président de la République a demandé qu’on lui présente sous trois mois une « approche opérationnelle améliorée » de l’opération Harpie. En parallèle, il a souhaité installer des orpailleurs légaux sur les sites réputés productifs, accompagner la structuration de la filière de la « mine durable« , faire en sorte que l’argent issu des saisies d’or revienne en Guyane et promis de « bâtir » une « nouvelle stratégie transfrontalière » avec le Brésil. 

« L’orpaillage illégal, il y en a vraiment trop et enlever le contrôle à Régina c’était une erreur. Je vous dis ça et pourtant je suis d’origine brésilienne« , souligne ce lundi matin depuis la place des Palmistes Suzy Miranda, 43 ans. Cette mère de famille, enseignante dans le 1er degré est venue « écouter son fils chanter dans la chorale » pour l’hommage rendu par le chef de l’Etat au major du GIGN Arnaud Blanc, tué en opération de lutte contre l’orpaillage illégal le 25 mars 2023.

Moins d’un mois plus tard, c’était au tour de Guy Barcarel, chef coutumier Teko et piroguier militaire, de décéder suite à un accident de navigation en pleine opération contre des chercheurs d’or clandestins près de Camopi. C’est dans cette commune de l’Est de la Guyane qu’Emmanuel Macron s’est rendu ce lundi après-midi pour y faire des annonces sur l’orpaillage illégal.

Fléau de la Guyane depuis quatre décennies, l’Etat n’a pas réussi à éradiquer cette ruée vers l’or venue des voisins brésilien et surinamais malgré des moyens considérables déployés dans le cadre de la mission Harpie, lancée en 2008, dotée de 70 millions d’euros par an et renforcée en 2017 par une complémentarité systématique entre gendarmes et militaires.

Dans ce contexte, le président de la République a demandé qu’on lui présente sous trois mois une « approche opérationnelle améliorée » pour lutter contre l’orpaillage illégal dans le cadre de l’opération « Harpie ». Un « Harpie trois pour bâtir une nouvelle génération » a-t-il déclaré afin de « consolider les bons résultats » obtenus selon lui depuis deux ans.

Le chef de l’Etat s’est en effet satisfait d’une baisse des volumes d’or illégalement extraits : ces derniers sont passés de « dix tonnes » par an en moyenne ces dernières années à « cinq tonnes » selon les chiffres provisoires de 2023, a-t-il précisé. Fin février, la préfecture nous avait indiqué, power point à l’appui, que 7,5 tonnes avaient été extraites en 2023. « Une erreur » a rectifié le préfet Antoine Poussier ce lundi. « Les 7,5 tonnes correspondaient à 2022« …  

Le général Marc Le Bouil, commandant des Forces armées en Guyane (FAG), présente au président l’organisation de la lutte contre l’orpaillage illégal sur la base avancée du 3e régiment de la Légion étrangère de Camopi © Guyaweb

Retour vers le territoire de l’or saisi

Dans le cadre d’Harpie 3, le président a affiché sa volonté de « bâtir » une « nouvelle stratégie transfrontalière« et d’améliorer la coopération avec les voisins brésiliens « qui font face au même fléau« . Le renforcement de cette coopération sera évoqué dès demain après-midi avec les autorités brésiliennes à l’occasion du déplacement du président au Brésil et devra être finalisé l’année prochaine « à l’occasion de la COP 30 » qui se déroulera à Belém au Brésil. Emmanuel Macron a en parallèle souligné le besoin d' »aller plus loin dans le démantèlement des filières d’approvisionnement et amont des garimpeiros et trafiquants » ainsi que dans « la coopération avec le Suriname« , plus laborieuse.

Il a également annoncé vouloir vendre « systématiquement » les saisies d’or pour que « l’argent puisse revenir sur le territoire pour accompagner celui-ci« , alors que les saisies revenaient jusque-là à l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc). 35 kg d’or ont été saisis l’année dernière. Au cours actuel du précieux métal – 60 euros le gramme – cela représente 2,1 millions d’euros qui serviront à « accompagner la filière légale, artisanale (…) fragile » selon Emmanuel Macron.

Le président s’est en effet positionné lundi en faveur d’une filière « d’orpaillage légal » en Guyane « dans certains endroits dans le respect du code de la mine durable que nous avons bâti depuis plusieurs années » pour lutter contre les chercheurs d’or clandestins. Déterminé à « structurer une filière qui n’utilise pas le mercure, qui soit exemplaire en la matière« , Emmanuel Macron veut permettre d’occuper ces sites « dont on sait qu’ils sont des réserves importantes. Cela éviterait d’attirer des orpailleurs illégaux ou du moins réduirait leur activité« .

Le chef de l’Etat a indiqué vouloir ouvrir « une concertation » avec des élus locaux, professionnels de la filière et services de l’Etat pour « définir les sites sur lesquels cette stratégie sera pertinente et aussi définir une filière minière légitime qui fait partie de l’histoire de la Guyane et que nous pouvons aujourd’hui beaucoup mieux encadrer« .

Dans la commune, d’autres attentes pour éradiquer les « 14 sites illégaux encore présents sur le bassin de Camopi » selon le directeur du Parc amazonien de Guyane, Pascal Vardon, ont été évoquées. Une partie des habitants rencontrés souhaite l’édification d’un barrage flottant à la sortie du bourg pour contrôler et limiter le passage des pirogues logistiques des garimpeiros. Des patrouilles de harcèlement pour détruire le matériel et une coopération avec le Brésil pour « retirer » Ilha Bela, un village en amont de Camopi considéré comme une base arrière des orpailleurs clandestins, ont également été abordées.

Photo de Une : le président Emmanuel Macron a qualifié la lutte contre l’orpaillage illégal de « lutte essentielle mais aussi difficile et dangereuse » © Guyaweb

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