Feux de forêt par centaines, fleuves historiquement bas, air irrespirable à Manaus… depuis plusieurs semaines, l’Amazonie subit une sécheresse sans précédent que le phénomène El Niño ne peut expliquer à lui seul.
Au Brésil, la ville de Manaus suffoque. La capitale de l’Amazonie brésilienne et ses deux millions d’habitants sont depuis quelques jours envahis par la fumée des incendies provoqués par la déforestation et la sécheresse sans précédent à laquelle est confrontée cette région grande comme trois fois la France.
L’air qui se respirait cette semaine dans la capitale de l’État d’Amazonas comptait parmi les moins sains au monde, selon le site spécialisé World Air Quality Index. En réaction, les principales universités de la ville ont annulé toutes leurs activités, tandis que le marathon de Manaus, prévu dimanche 15 octobre, a été reporté de deux mois.
Jeudi 12 octobre, l’Institut national de recherches spatiales du Brésil avait enregistré 2 770 foyers d’incendie actifs depuis le début du mois d’octobre, une hausse de 154% par rapport aux 1 089 répertoriés sur la même période l’an dernier. Il s’agit déjà du chiffre le plus élevé pour le mois depuis le début du contrôle officiel en 1998, d’après cet institut brésilien cité par l’AFP.
Dans le viseur de la ministre de l’environnement, Marina Silva, ces incendies sont d’origine humaine. « Il n’y a pas de feu naturel en Amazonie », a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse à Brasilia, rapportée par l’AFP. La ministre, farouche militante écologiste, a qualifié de « criminels » ceux qui recourent aux incendies pour déboiser et faire paître le bétail ou planter des cultures.
Face à l’urgence, le gouvernement fédéral a annoncé vendredi l’envoi de deux hélicoptères et de 149 pompiers supplémentaires, qui viendront s’ajouter aux 140 personnes déjà déployées pour lutter contre les incendies.
Cinquante communes en état d’urgence
En plus de ces feux, la région subit une sécheresse d’une gravité exceptionnelle qui a porté le niveau des cours d’eau à un seuil critique. Un demi-million de personnes en subit l’impact, pour le transport ou l’approvisionnement.
Amazone, Purus, Jurua, Madeira, Acre… bon nombre des principaux fleuves de l’Amazonie sont actuellement à des niveaux historiquement bas, perturbant la navigation et isolant des centaines de communautés riveraines. C’est toute l’économie locale, dépendante de la voie fluviale, qui est menacée. Tout comme la production hydroélectrique des nombreux barrages amazoniens.
Au côté des humains, la nature souffre également. Dans le lac Tefe situé en amont de Manaus, des dizaines de dauphins d’Amazonie, l’un des symboles de la région, ont été retrouvés morts. La température des eaux du lac est montée jusqu’à 39 °C, soit 8 de plus qu’en temps normal à la même période. En manque d’oxygène et confrontés à un stress thermique, les mammifères n’ont pas survécu.
Ce ne sont pas les seules victimes collatérales de cette sécheresse historique. Les autres animaux marins et terrestres sont en souffrance et confrontés à une prolifération d’algues toxiques provoquée par la chaleur rapportent de nombreux médias.
Beaucoup de spécialistes jugent déjà sans précédent cette sécheresse qui cumule absence de pluie et très fortes chaleurs. Le 2 octobre, la ville de Manaus a par exemple connu sa journée la plus chaude en trente ans avec 39,1 °C. Les facteurs naturels, comme les températures élevées dans l’Atlantique nord et El Niño qui accentue la saison sèche, se cumulent aux facteurs humains de la déforestation et du réchauffement climatique, amplifiant la sécheresse.
Pour faire face, plusieurs mesures d’urgence ont été annoncées par le gouvernement, comme le versement anticipé de plusieurs aides sociales ou le déblocage de 138 millions de reais (25,7 millions d’euros) dans des opérations de dragage des cours d’eau. Une cinquantaine de communes de l’Amazonas a également été placée en état d’urgence, dont Manaus.
Photo de Une : sans eau, les animaux marins meurent par dizaine en conséquence de la sécheresse qui sévit actuellement en Amazonie, comme ici sur les berges du Rio Solimões en amont de Manaus © Governo federal do Brasil
1 commentaires
Ah non! C’est totalement plat comme accroche,…ce titre!
Morvandiau, là il faut l’aider un peu, ce blogueur de Guyaweb (pardon M. Reuge c’est de l’ironie). Alors voyons… Morvandiau nous propose donc… « La sécheresse guyanaise la plus chaude de toute l’Amazonie », ou sinon… « Les guyanais brulés au troisième degrés en Amazonie»…
Bravo. Quel talent! Racoleur à souhait! Camarade Morvandiau, je commence à mieux la saisir, ta stratégie pour attirer l’attention de la presse parisienne. Pas très déontologique… Mais finalement, c’est un peu la seule arme de l’argumentaire asymétrique.