Virginie Dos Reis, chargée de projets environnement au sein de l’association Kwata de protection des tortues marines, revient pour Guyaweb sur les attaques de chiens divagants qui meurtrissent cette année la saison des pontes. Elle demande aux autorités compétentes d’agir.
Guyaweb : Pourquoi lancez-vous une alerte aujourd’hui concernant les attaques de tortues ? Leur fréquence est particulièrement importante cette année ?
Virginie Dos Reis : Dès les premières attaques nous avons donné l’alerte auprès des autorités compétentes pour intervenir : police municipale de Rémire-Montjoly, mairie, fourrière, police de l’environnement de l’Office français de la biodiversité… tous les acteurs du plan de coordination et de protection des tortues marines. Du fait de l’inaction des autorités, nous avons élargi notre communication. Nous nous sentons démunis face au silence des autorités dont nous attendons une réaction.
Combien de tortues ont été tuées et où se concentrent les attaques ?
V.D.R. : Douze tortues jusqu’à présent ont été attaquées par des chiens divagants, c’est-à-dire ayant un propriétaire. Les attaques se concentrent sur la plage du Gosselin. Onze des douze attaques y ont eu lieu contre une seule sur la plage des Salines. Les années précédentes, il n’y avait pas trop de pontes donc les tortues étaient relativement protégées. Cette année est une bonne année de ponte, notamment pour les tortues olivâtres.
Comment être sûr qu’il s’agit de chiens divagants et non errants ?
V.D.R. : Au vu des traces de pattes près des attaques, il n’y a pas de doute possible sur le fait que les responsables soient des chiens. Et nous sommes sûrs qu’il s’agit de chiens divagants, car il n’y a plus d’errance sur ce secteur de Montjoly.
Qui peut intervenir en cas d’attaque ou de constatation de divagation ?
V.D.R. : La fourrière, accompagnée de la police municipale car il faut un agent assermenté pour pouvoir constater la divagation canine qui est interdite. Nous demandons des patrouilles plus nombreuses de la police municipale et aux horaires particuliers des pontes : dans le courant de la nuit ou très tôt le matin. Le linéaire de la plage du Gosselin ne dépasse par les 2 km, le nombre de propriétaires et de chiens suspectés est extrêmement réduit.
Pouvez-vous rappeler les sanctions auxquelles s’exposent les propriétaires de chiens divagants ?
V.D.R. : A une amende de 135 euros pour la divagation. En cas d’attaque sur une tortue marine, espèce intégralement protégée, la sanction maximale est de 150 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement.
Est-ce que des campagnes de sensibilisation sont menées en amont de la saison des pontes ?
V.D.R. : Oui, une campagne de sensibilisation est menée au niveau de la CACL (Communauté d’Agglomération du Centre Littoral) avec des spots diffusés à la radio et la TV. La police de l’environnement effectue des passages sur les plages et notre association distribue chaque année des courriers au voisinage des plages sur lesquelles viennent pondre les tortues.
Propos recueillis par Guillaume Reuge
Une saison des pontes qui s’étire de janvier à août
Trois espèces de tortues marines viennent pondre chaque année sur les plages de Guyane. La tortue verte, tout d’abord, arrive en janvier-février et pond jusqu’en mars-avril. La tortue luth, pond, elle, d’avril-mai jusqu’en juillet. Et enfin la tortue olivâtre, de juin à août. Les émergences ont lieu deux mois après les pontes, chez chacune des trois espèces.
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De retour d’Awala ce we, plein de chiens errants la nuit sur la plage…