Mardi 08 Octobre

CEOG/Prospérité : Jean-François Carenco « n’admet pas que les règles de la République ne soient pas respectées par des gens qui n’ont aucun droit à s’exprimer »

CEOG/Prospérité : Jean-François Carenco « n’admet pas que les règles de la République ne soient pas respectées par des gens qui n’ont aucun droit à s’exprimer »

A l’occasion de la visite de Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, à Saint-Laurent du Maroni, une réunion s’est tenue ce mardi 16 mai à 9h à la sous-préfecture pour aborder le sujet du projet de la Centrale Electrique de l’Ouest Guyanais (CEOG). En début de matinée, le ministre s’était laissé à des déclarations virulentes envers le chef du village de Prospérité, Roland Sjabere, lors d’une interview sur Radio Peyi.

Difficile de savoir l’objet précis de cette réunion si ce n’est, a priori, une énième rencontre de crise au sujet de la CEOG, ce projet de centrale électrique voisine du village de Prospérité qui fait l’objet de fortes contestations depuis plusieurs années. A noter, toutefois, les présences du sénateur du groupe présidentiel RDPI (ex LREM) et ancien maire de Mana, Georges Patient, des deux députés GDR-NUPES de Guyane, du préfet et du premier adjoint de la maire de Saint-Laurent, en plus du Yopoto Sjabere, de Christophe Yanuwana Pierre, « représentant des associations amérindiennes » au Grand Conseil Coutumier, et de Mélissa Sjabere, habitante de Prospérité et militante active pour le déplacement du projet.

La rencontre, fermée à la presse, a très mal commencé suite aux propos tenus le matin même par le ministre délégué chargé des Outre-mer sur les ondes de Radio Peyi. Questionné sur son déplacement à Saint-Laurent et après que le journaliste eut évoqué l’impression d’un « point de non retour de chaque partie » dans ce dossier, le ministre s’est alors lancé dans une surprenante diatribe à l’encontre du Yopoto de Prospérité. « Je n’admets pas que les règles de la République ne soient pas respectées par des gens qui n’ont aucun droit à s’exprimer » a-t-il asséné, et d’ajouter : « Ce que je veux dire à ce monsieur, c’est que la République l’a accueilli. Je rappelle que c’est un réfugié, il était martyrisé chez lui. La République l’accueille donc la République doit être bonne mère comme je dis, faire le maximum mais les minoritaires n’ont pas toujours raison » (voir Radio Peyi à partir de 10 minutes 15).

Habitants et militants sont venus soutenir le chef du village de Prospérité, Roland Sjabere. Photo ©PHILIPPINE OREFICE_GUYAWEB

Le ministre faisait vraisemblablement référence à la création du village de Prospérité au milieu des années 80 par l’arrivée de réfugiés Kali’na du Suriname sur le territoire français alors que le pays voisin était en pleine guerre civile.

Cette déclaration médiatique, d’autant plus étonnante que quelques minutes auparavant le ministre brossait le portrait d’une France « terre d’accueil », a « blessé » le Yopoto Roland Sjabere, quand Davy Rimane et Jean-Victor Castor ont jugé ces propos « inacceptables ». Selon nos informations, le ministre, que nous n’avons pas pu voir à sa sortie de la sous-préfecture, aurait regretté « des mots qui dépassaient sa pensée ».

Au-delà de cet incident, plusieurs propositions ont été faites par le ministre. Parmi elles, Jean-François Carenco s’engage à étudier le déplacement de la centrale si cela est « techniquement » possible, un argument que les industriels et la préfecture s’époumonent pourtant à contrer depuis des années. Et si l’installation du projet se fait bien à l’endroit désigné, des contreparties foncières pourraient être envisagées pour le village.

Les parties se sont données jusqu’à début juin pour trouver un accord. En attendant, les travaux sont à l’arrêt jusqu’au mois de septembre et le Yopoto s’est engagé à ce que les militants n’entrent pas sur le terrain de CEOG pendant ce temps. Du côté des militants qui semblaient attendre davantage de cette réunion, la colère suite aux propos du ministre ne s’est pas calmée.

Photo de Une : Roland Sjabere le Yopoto du village de Prospérité se dit « blessé » suite aux propos du ministre délégué chargé des Outre-mer Jean-François Carenco

Lire notre dossier sur Prospérité/CEOG

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9 commentaires

  • Bello973

    C’est un peu comme Morvandiau qui ne voit et n’entend pas Jean-Paul Ferreira lorsqu’il s’exprime lors du congrès des élus… L’invisibilisation, beaucoup y succombent malencontreusement.

  • Remi973

    Je ne comprends pas.
    C’est l’État qui ne respecte pas les « règles de la République » en n’instruisant pas correctement le dossier (absence de dérogation espèces protégées).
    Et l’État a bien le droit de s’exprimer, non ?
    On peut par ailleurs s’interroger sur la pertinence des « règles de la République » du point de vue démocratique et particulièrement de la consultation des populations locales et riveraines.

  • MB

    Propos de Carenco totalement inacceptables.

  • Morvandiau

    Carenco ignore-t-il que les frontières et citoyennetés actuelles ont été imposées à ces populations ? Et que ce sont elles qui ont accueilli sous la contrainte la république et non l’inverse ? Ses propos sont honteux et devraient être unanimement dénoncés.
    Malheureusement, l’infâme argument énonçant que la plupart des amérindiens de Guyane sont des immigrés surinamais ou brésiliens est déjà largement cultivé dans la sphère politique locale sans que nos deux députés-compères n’y trouvent à redire. Leur indignation est donc particulièrement hypocrite sachant qu’au MDES, la négation de l’autochtonie est toujours vivace, on y cultivait il y a peu et sans doute encore, des théories raciales fumeuses, comme l’antériorité de la « race noire » sur les Amérindiens en Amérique du Sud.

  • Bello973

    Allons Morvandiau, vous n’êtes pas sans ignorer que des Christophe Pierre, ou des Alexis Tiouka vont jusqu’à intervenir publiquement dans des manifestations du mdes… Les qualifieriez vous de traîtres à la cause autochtone? Dans les faits, la seule élue du congrès à avoir remis ouvertement en cause la définition juridique internationale de l’autochtonie, bénéficiant aux seules amérindiens, n’était pas du mdes mais de l’opposition (liste R.Alexandre). Et c’est au contraire un élu mdes (le député Castor) et M. Ferreira qui l’ont clairement contredite sur ce point. Ça c’est ce que tout le monde à pu voir à la télé samedi dernier (sa!f vous Morvandiau apparement).
    Et sinon, Bravo pour cet énième détournement de l’attention… Carenco fait une grosse boulette incarnant parfaitement l’attitude local de l’Etat envers les communautés amérindiennes. Mais c’est encore le mdes le coupable. Ça en devient presque artistique ce genre de pirouette rhétorique. On aurait presque envie d’étoffer votre caricature en suggérant que Carenco a très certainement dû puiser ses éléments de langages dans un vieux numéro de Rot Kozé…

  • Bello973

    « L’évolution statutaire… Pour ma part c’est une logique de dignité qui nous l’impose. »
    Christophe Pierre – Mars 2023. intervention au 18ème Congrès du MDES

    A force d’humiliations (comme lorsque le préfet envoie la troupe dans le village de Prospérité) y compris de la part des plus hautes autorités de l’Etat (telle cette dernière humiliation verbale de Carenco envers le Yapoto). Il est clair que localement l’Etat est de loin le meilleur VRP de l’évolution statutaire au sein des communautés autochtones.

  • Bello973

    Plutôt le Yopoto… N’aggravons pas l’offense de Carenco!

  • Toussaint

    Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer raconte n’importe quoi.
    Arrogance coloniale, arrogance raciste, xénophobie, incompétence, provocations, c’est un ministre qui parle ?
    Il sait où il est, ce type ? Il sait ce qu’est un Autochtone, selon le droit international, ce type ?
    Soutien total aux Amérindiens, aux Autochtones.

  • Visiteur.

    Toute personne a le droit de s’exprimer dans le respect des règles de la république sans qu’on le taxe d’illégitime au regard de sa provenance. Ces idées peuvent être retrouvées à la droite de la droite de l’échiquier politique…

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