Depuis plusieurs jours, une information annonçant la découverte d’un gigantesque gisement de platine près de Maripasoula tourne sur des groupes WhatsApp en Guyane. Il s’agit d’une fake news. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) confirme à Guyaweb qu’aucun gisement de ce type n’a été découvert.
Un article du site atelierdefrance.fr annonce depuis vendredi 25 avril la découverte d’un « des plus grands gisements de platine jamais découverts » dans le sous-sol guyanais, près de Maripasoula. L’exploitation de ce minerai rare permettrait de « générer des milliers d’emplois » souligne l’article rédigé par une certaine Déborah Lemoine, qui cite un économiste de l’Université de Guyane, une habitante de Maripasoula ou encore l’association « éco-Guyane » de défense de l’environnement.
L’information, qui évoque un bouleversement économique et social de la région, fait miroiter un espoir de prospérité. Bien que relayée avec une mise en scène crédible, elle est totalement fausse et relève de la fake news (fausse information). Ce qui ne l’a pas empêchée de circuler sur les réseaux sociaux et notamment un groupe WhatsApp consacré au sujet du désenclavement de la Guyane.
Pourtant, en bas du prétendu « article journalistique », un petit encart permettait d’aiguiller le lecteur. En effet, il indique que les « articles, histoires et textes publiés sur ce site sont générés automatiquement à l’aide de l’intelligence artificielle. Ils peuvent contenir des erreurs, des imprécisions ou des interprétations approximatives« . De quoi émettre de sérieux doutes sur la qualité de cette information, par ailleurs jamais étayée par une source officielle tout au long de l' »article ».
Contacté, le service presse national du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) nous a confirmé qu’il s’agit bien d’une fake news, émanant d’un site internet « déjà la source de deux demandes similaires cette semaine, au sujet d’une découverte miraculeuse d’un gisement d’or en Auvergne…« .
Cette découverte fictive de platine en Guyane ne concerne donc en rien l’actualisation de l’inventaire des ressources minérales lancé en mars en Guyane par le BRGM. Ces recherches, destinées « à approfondir la connaissance et à l’élargir à une cinquantaine d’éléments » ne font que commencer et ne produiront pas de résultats avant cinq ans.
Quel est donc le but de ce genre de site et d’information frauduleuse ? Tout simplement de générer du trafic voire de capter les données personnelles des internautes. En effet, en quelques clics sur Internet, nous avons trouvé que le site atelierdefrance.fr est référencé comme « frauduleux« , relayant de « fausses informations« . Un risque d’arnaque au phishing (hameçonnage), une technique frauduleuse destinée à leurrer l’internaute pour l’inciter à communiquer des données personnelles, est même associé à ce site.
Ce site a également recours à des pratiques de clickbait (pièges à clics) dont le but est d’inciter les gens à cliquer pour lire ces fausses informations attrayantes afin de générer du trafic sur le site. Trafic qui se monnaye ensuite. L’intérêt pour l’hébergeur est donc de produire des fake news les plus alarmantes ou spectaculaires afin d’attirer le plus d’internautes possibles. De l’intelligence à l’ineptie artificielle, il n’y a parfois qu’un pas.
Afin de se prémunir de ce genre de désinformation, la plupart des grands médias nationaux ont mis en place des services de fact-checking (vérification des faits), tel l’outil « les Décodeurs » développé par Le Monde. Plusieurs outils de décryptage sont par ailleurs accessibles sur le site du ministère de l’Economie.
Photo de Une : le développement de l’IA (intelligence artificielle) facilite également celui de la désinformation © Capture d’écran du site atelierdefrance.fr
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