Le bilan définitif des pontes des tortues marines pour la saison 2023 a été dévoilé la semaine dernière par le Réseau tortues marines de Guyane. Ce réseau, qui regroupe 74 membres dont l’association Kwata, la réserve naturelle de l’Amana et l’Office français de biodiversité (OFB), est chargé de la mise en œuvre du Plan national d’actions en faveur des tortues marines et de la protection de ces reptiles.
Cette saison, le nombre de pontes est globalement en hausse à Awala-Yalimapo comme sur l’Île de Cayenne, les deux principaux spots où les tortues luths, vertes et olivâtres viennent mettre bas en Guyane. Avec une répartition géographique déséquilibrée.
En effet, dans la réserve de l’Amana, à l’Ouest, peu de luths (106 nids) ont été recensées cette année, mais 94% des pontes de tortues vertes (1945 nids) en 2023 se sont faites à Awala-Yalimapo. À l’est (Rémire, Cayenne et un peu Kourou), ce sont essentiellement des tortues luths qui ont pondu avec 1609 nids comptabilisés. Un chiffre en hausse constante ces trois dernières années après avoir atteint un seul minimal critique en 2020 de 160 pontes, faisant craindre une disparition de l’espèce en Guyane.
Les tortues olivâtres (3675 nids), qui se concentrent également à l’Est, ont pour cette saison des chiffres en stagnation par rapport à ceux de l’année dernière (3723 nids en 2022). Des résultats qui sont « bons pour cette espèce qui avait connu une diminution vertigineuse de 75% des pontes entre 2018 et 2020, et n’avait ainsi accueilli que 1 293 pontes sur tout le territoire guyanais en 2020« , indique le Réseau tortues marines dans son communiqué.
Cependant, plusieurs nuances sont à apporter à ce bilan globalement positif. En effet, le « territoire est en proie à de multiples menaces bien identifiées, entraînant des conséquences dramatiques sur la biodiversité« , précise le Réseau tortues marines.
Peu d’émergences ont survécu
À l’Ouest, la plus grosse menace reste les captures accidentelles liées à la pêche illégale, responsables de 30% des échouages de tortues. L’érosion de la plage qui pousse les reptiles à se déplacer vers Mana et la destruction de nids par des chiens divaguants pèsent aussi sur les tortues de la réserve de l’Amana. En 2023, 224 nids ont été déterrés par des canidés sur la réserve et les gardes ont pu sauver 757 émergences dont les nids avaient été déterrés par des chiens. Un phénomène en hausse qui inquiète le Réseau tortues marines.
En revanche, le braconnage a fortement diminué, de l’ordre de 44%, par rapport à l’année dernière même si 55 nids ont tout de même été braconnés dans la réserve ainsi que deux à l’Est. Quatre interpellations ont été effectuées par les gendarmes au cours des nombreuses opérations de surveillance effectuées avec les gardes de la réserve naturelle et la police de l’environnement de l’Office français de biodiversité (OFB).
Sur les plages de l’Île de Cayenne, la principale problématique reste la pollution lumineuse malgré la prévention réalisée auprès des curieux venus assister aux pontes ou aux émergences. Le réseau indique en effet avoir observé de nombreuses désorientations cette année. « Un total de 2 471 émergences perdues ont ainsi été sauvées par l’association Kwata. » Toujours à l’Est, trois attaques mortelles de chiens divagants ont également été recensées sur des tortues femelles venues pondre sur la plage.
Enfin, et cette problématique touche toutes les plages et toutes les espèces, peu d’émergences ont survécu cette année. Le réseau tortues marines, inquiet « pour les années à venir », impute cette conséquence aux changements environnementaux : « le réchauffement climatique, l’érosion et les températures particulièrement élevées de cette saison sèche« .
« Une saison de pontes est morte dans le sable (…) il manque des milliers de tortues » nous indiquait en septembre Benoît de Thoisy, président de l’association Kwata qui doit investiguer davantage avant de pouvoir déterminer avec précision les causes de cette hécatombe.
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