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Agressions d’infirmières libérales : la mobilisation se poursuit

Agressions d’infirmières libérales : la mobilisation se poursuit

Suite aux agressions violentes dont ont été victimes deux infirmières libérales la semaine dernière, les marques de soutien se multiplient. Après le rassemblement de vendredi 21 mars et la marche blanche qui s’est tenue dimanche à Maripasoula, commune où s’est déroulée l’une des deux agressions, de nouveaux rassemblements sont organisés ce lundi 24 mars à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent. Samedi, une délégation de l’Union régionale des professionnels de santé a été reçue par le préfet qui a annoncé plusieurs mesures renforçant la prévention de la violence envers les soignants. Une réunion similaire a eu lieu ce lundi après-midi à l’Agence régionale de santé. L’autorité sanitaire a annoncé prendre en charge financièrement l’extension du dispositif de boutons d’alerte. 

Depuis les violentes agressions dont ont été victimes deux infirmières libérales la semaine dernière à Maripasoula et Matoury, la société guyanaise réagit pour dire non à cette insécurité croissante ciblant le monde médical.

Plusieurs rassemblements ont été organisés vendredi à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni. Solidairement, les soignants libéraux (infirmiers, médecins, pharmaciens) avaient également arrêté les soins durant une heure. Dimanche, une marche blanche s’est tenue à Maripasoula en soutien à l’infirmière libérale violée en marge du cambriolage de son logement situé sur la commune du Haut-Maroni.

Dans cette affaire, une enquête a été ouverte par la justice et confiée à la brigade de recherches de Saint-Laurent, nous a indiqué le parquet de Cayenne. A ce stade, l’enquête n’a pas connu d’avancée notable. Deux interpellations ont eu lieu ce week-end à Maripasoula et Papaïchton, mais les deux gardes à vue ont été levées sans mise en examen, selon Guyane La 1ère.

Une marche blanche a défilé dimanche dans les rues de Maripasoula en soutien à l’infirmière libérale agressée sexuellement la semaine dernière © Steven Kuzan

Toujours ce week-end, les autorités ont annoncé la mise en place de plusieurs mesures et notamment un renforcement des dispositifs de prévention des agressions des personnels soignants libéraux. Le préfet Antoine Poussier a notifié, samedi à l’issue d’une rencontre en préfecture avec le collectif de « référents sécurité » des professionnels de santé guyanais, l’élargissement du dispositif « bouton anti-agressions ».

Expérimental depuis janvier, ce dispositif permettant aux soignants d’être instantanément géolocalisables par la police équipe à ce jour 35 infirmiers libéraux, six sages-femmes et huit médecins libéraux, sur près de 200 boutons distribués aux commerçants et professions libérales par la police nationale. Le préfet a annoncé le doublement des boutons alloués aux soignants et la mise en place d’un dispositif similaire pour la zone gendarmerie.

Par ailleurs, le développement de formations pour réagir face aux agressions fait également partie des annonces du représentant de l’Etat en Guyane. De tels ateliers étaient déjà organisés par la police, mais uniquement sur Cayenne. Là aussi, les services de l’Etat annoncent leur déploiement à l’ensemble de la Guyane.

De plus, les professionnels de santé pourront s’enregistrer auprès des forces de l’ordre afin d’être considérés comme « personnes à risques » et « priorisés » lors d’un appel au 17. Un audit « réalisé par les forces de l’ordre sur les logements des soignants et les cabinets des soignants, notamment à Maripasoula » sera prochainement effectué, a par ailleurs déclaré Antoine Poussier.

Enfin, le préfet a promis une réunion annuelle pour évaluer l’efficacité de ces dispositifs.

Ces annonces ont été accueillies positivement par le collectif de « référents sécurité » de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) reçu par le préfet. Celles-ci répondent en effet aux demandes des soignants (lire Guyaweb du 22/03/2025).

« Il n’y a plus de respect de la blouse blanche »

Ce lundi après-midi, de nouveaux rassemblements ont été organisés par le monde médical à Cayenne (devant l’Agence régionale de santé), Kourou (devant la caserne de gendarmerie) et Saint-Laurent (devant la sous-préfecture). Une rencontre avec le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) et les référents sécurité de l’URPS était également au programme en milieu d’après-midi.

Cette réunion a permis de coordonner avec l’autorité sanitaire les mesures actées avec la préfecture samedi. L’ARS annonce ainsi prendre en charge financièrement l’élargissement du dispositif de bouton d’alerte. Des aides pour financer des formations de désescalade aux situations violentes seront également débloquées par l’Agence régionale de santé. La création de nouveaux supports de prévention et de sensibilisation, ainsi que d’un Observatoire local chargé de recenser les agressions, d’accompagner les victimes et de coordonner les actions a été décidée. Et enfin, « un recensement des zones sensibles, sans lumière etc., en lien avec les mairies, va être effectué« , a précisé à l’issue de la réunion Awatef Argoubi, référente sécurité au sein de l’URPS et présidente du syndicat des infirmiers libéraux (FNI) de Guyane. Une réunion de suivi de la mise en oeuvre de ces mesures a été fixée à septembre prochain.

« Ce sont de bonnes idées« , réagit Corinne, infirmière installée en libéral depuis trois ans, « mais je reste dubitative sur leur efficacité. Est-ce que le bouton nous empêchera d’être agressé ? Je n’en suis pas certaine. Des collègues vont travailler avec des gazeuses au poivre et je les comprends. Il n’y a plus de respect de la blouse blanche aujourd’hui.« 

L’infirmière, qui voit « une trentaine de patients par jour« , attend des mesures plus structurelles pour lutter contre « une violence qui augmente depuis la crise Covid« . Présents à la réunion à la demande du président de l’Association des maires de Guyane, les édiles de Matoury et Roura ont tenté d’en apporter quelques-unes. Selon Serge Smock, maire de Matoury et président de la CACL, plusieurs leviers sont mobilisables par les communes pour protéger les soignants et, au-delà, prévenir la violence.

« L’éclairage public, la vidéo-protection, l’élargissement des plages horaires de la police municipale, notamment le soir et la nuit, sont des sujets sur lesquels nous pouvons travailler« , liste l’élu. « Les questions de sécurité sont variées. Il faut prendre en compte les spécificités de chaque commune. Sur Matoury, nous avons beaucoup de squats dans lesquels interviennent les infirmiers. Nous pourrions par exemple développer de la médiation en santé, via des associations, pour les accompagner sur le terrain dans leur mission.« 

Pour Joëlle Jean-Baptiste-Simonne, vice-présidente URPS infirmiers, toutes ces pistes de solution sont les bienvenues. À condition qu’elles soient mises en place rapidement pour ne pas rompre la continuité des soins. « On va encore partout, mais le risque, si la violence s’intensifie, est que nous n’irons plus dans certains quartiers alors que nous sommes le dernier maillon sur le terrain avec les patients » alerte-t-elle.

Photo de Une : plusieurs rassemblements de professionnels de santé ont eu lieu vendredi, dont un devant la préfecture de Guyane à Cayenne. Des mobilisations du même type ont été organisées ce lundi à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni © DR

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