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1er mai : « Ce modèle productiviste nous amène droit dans le mur »

1er mai : « Ce modèle productiviste nous amène droit dans le mur »

Ce lundi 1er mai, la 13e journée de mobilisation contre la réforme des retraites s’est adossée à la traditionnelle journée de revendications syndicales de la Fête du travail. Quelque 300 cortèges étaient organisés dans toute la France. Nous étions dans l’un d’eux, à Cayenne, où 300 personnes ont défilé dans les rues du centre-ville au son des casseroles et des slogans anti-Macron.

Les sifflets et concerts de casseroles ont contrasté avec la quiétude voire la torpeur des rues de Cayenne, particulièrement vides en ce lundi 1er mai, jour férié dédié au monde de travail. Un jour férié certes, mais « pas un jour de fête » souligne l’air grave Yannick Xavier, le secrétaire général de l’Union des travailleurs guyanais (UTG). « C’est un jour de soutien aux travailleurs qui se sont mobilisés dans le monde entier pour les acquis sociaux » explique-t-il, soucieux de rappeler le contexte historique de cette journée consacrée aux revendications syndicales depuis un siècle et demi.

Car aux origines, le 1er mai est une marche de soutien à huit travailleurs anarchistes de Chicago, condamnés à tort en 1886 – certains à mort – pour un attentat contre la police à Haymarket Square qu’ils n’ont pas commis. Symbole de l’oppression du syndicalisme, le 1er mai est demeuré la Journée internationale des travailleurs et l’occasion d’honorer la mémoire des syndicalistes américains.

Historiquement, en Guyane, la marche s’élance des locaux de l’UTG de la digue Ronjon. Ce lundi, le cortège n’a pas échappé à la règle et est parti dès 7h30 de la Maison du peuple avant de rejoindre devant la caserne des pompiers les autres organisations syndicales qui constituent l’intersyndicale FO, UTG, CFTC, CFDT, Unsa, Solidaires, CFE-CGC et FSU mobilisée sur le front des retraites depuis janvier. En Guyane comme au national, cette intersyndicale est toujours constituée malgré la promulgation de la loi sur les retraites le 14 avril dernier.

Une unité rare puisqu’il faut remonter à 2009 pour trouver trace d’un 1er mai unitaire entre les huit principales organisations syndicales du pays, qui ont trouvé dans la lutte contre la réforme des retraites un dénominateur commun. Un combat qui n’a pas été remporté, mais qui « n’a pas été perdu non plus » estime Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa au national, présent cette semaine en Guyane pour le congrès de la fédération locale qui a réélu à sa tête pour quatre ans Christophe Madère.

« Nous sommes restés unis et solidaires malgré nos visions différentes et le fait que les numéros uns de tous ces syndicats se parlent, c’est assez inédit » explique-t-il en nous montrant des boucles WhatsApp où figurent les têtes de ponts syndicales du pays.

Symbole du dialogue de sourd avec le gouvernement, de nombreux(es) manifestant(e)s ont défilé avec leur casserole ce 1er mai © Guyaweb

« Macron n’est plus un guide, mais un fossoyeur »

« Avec la mobilisation sur la réforme des retraites, les organisations syndicales ont redoré leur blason et ont dépassé les clivages dogmatiques » constate de son côté Michel Dubouillé, l’ex-leader de Guyane écologie, toujours présent à la mairie de Matoury et à la CACL. « Mais le 1er mai va au-delà des retraites. C’est l’occasion d’exprimer notre refus de la méthode de gouvernance du président qui n’écoute pas le peuple et ne favorise que le business des multinationales. Macron n’est plus un guide pour la Nation mais un fossoyeur » tacle Michel Dubouillé, qui appelle à défendre les acquis fondamentaux des travailleurs, « congés payés, salaires, temps de travail, retraites« , tous attaqués par « les grands groupes mondialisés. C’est tout ce système qui nous appauvrit qu’il faut changer« .

Quelques mètres plus loin, Chloé, 50 ans de moins, partage cette même vision utopiste de réforme du système capitaliste mondialisé et ne souhaite « plus défendre ce modèle productiviste qui nous amène droit dans le mur. Ce gouvernement ne fait que mettre le pied sur l’accélérateur » regrette-t-elle. Sur sa pancarte, les retraites, le climat ou les violences policières se côtoient. Des combats importants à mener face à un gouvernement qui « ne changera pas de cap« .

« Il faut faire du bruit, le dialogue ne suffit plus pour se faire entendre » rebondit Afi, 48 ans, venue manifester avec une casserole et une spatule en bois. C’est la première fois qu’elle participe à un 1er mai en Guyane, pour envoyer un message « à ce gouvernement de sourds« .

Devant la préfecture, plusieurs leaders syndicaux, comme ici Yannick Xavier de l’UTG, ont pris la parole pour replacer la journée du 1er mai dans son contexte historique et lister tous les combats syndicaux à mener © Guyaweb

En arrivant devant la préfecture, le cortège de 300 personnes se fige. Les leaders syndicaux prennent la parole pour remercier les manifestants et rappeler l’importance symbolique de cette journée du 1er mai, sous le regard de quelques élus – Philippe Bouba et Patrick Causset pour la CTG – et du député Jean-Victor Castor. Tour à tour, les revendications sur la vie chère, sur les retraites ou le droit du travail sont évoquées. Avant qu’une minute de bruit ne soit adressée au représentant de l’Etat. Puis le cortège repart, quelque peu diminué mais toujours déterminé, vers son point de départ : la Maison du peuple.

Selon la CGT, quelque 2,3 millions de personnes ont manifesté dans toute la France ce lundi. Elles étaient 782 000 selon le ministère de l’Intérieur.

Photo de Une : ce lundi 1er mai, les organisations syndicales ont défilé main dans la main, une première depuis 2009 © Guyaweb

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