Après la dissolution de l’Assemblée nationale, les élections législatives anticipées remportées par l’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP), la fin du gouvernement, puis « la trêve politique et sportive» durant les Jeux Olympiques de Paris imposée par Emmanuel Macron, la France est toujours sans gouvernement, et ce depuis le 16 juillet précisément. « Samedi 24 août, cela fera trente-neuf jours que le Premier ministre démissionnaire assure le fonctionnement minimal de l’Etat. Du jamais-vu en France depuis la Seconde guerre mondiale » pointe Le Monde. En attendant, Emmanuel Macron continue de jouer la montre. Il a convié à partir de ce vendredi 23 août à l’Elysée les chefs de partis et de groupes parlementaires pour « une série d’échanges » à l’issue de laquelle « la décision de nomination du ou de la Première ministre sera prise en considération ».
Le chef de l’État souhaite former un gouvernement centriste et ne veut pas entendre parler de Lucie Castets à la tête du gouvernement (lire Mediapart), une haute fonctionnaire engagée dans la défense des services publics, candidate au poste de Première ministre désignée par le NFP, l’alliance de gauche qui a remporté d’une courte tête les élections législatives anticipées.
« Il est faux de dire que le Nouveau Front Populaire aurait une majorité, quelle qu’elle soit » avait affirmé Emmanuel Macron lors d’une interview le 24 juillet sur France Télévisions. « La question n’est pas un nom. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays (…). Le premier parti qui est arrivé en tête des élections, c’est le Rassemblement national. Une coalition a rassemblé plus de voix, mais elle est à 100 élus d’une majorité absolue » avait-t-il ajouté, faisant mine d’oublier que son camp avait certes remporté les élections législatives de 2022 mais qu’il n’avait pas non plus de majorité absolue et a fait passer ses réformes à coups de 49.3.
Alors, dans l’attente de la nomination d’un.e chef.fe du gouvernement, pas avant la « mi-août » donc après la « trêve politique et sportive » par lui décrétée, Emmanuel Macron appelait dans le même temps les forces politiques qui avaient fait barrage au RN en « front républicain » durant l’entre-deux-tours des élections législatives à « faire des compromis » et construire une majorité au Palais-Bourbon. Lors de cette interview, le chef de l’Etat déclarait que « jusqu’à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux », car selon lui l’inverse « créerait un désordre » (…). « Et puis à partir de là, en fonction de l’avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d’avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d’agir et d’avoir la stabilité » avait -t-il déclaré.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 terminés le 11 août, la fin de la récréation politique et sportive a été sonnée par Emmanuel Macron. Il a convié à partir de ce vendredi 23 août à l’Elysée les chefs de partis et de groupes parlementaires pour « une série d’échanges » à l’issue de laquelle «la nomination d’un Premier ministre interviendra dans le prolongement de ces consultations et de leurs conclusions » rapportait France Télévisions le 16 août, alors que les Français ont exprimé une envie de changement en plaçant en tête le Nouveau Front Populaire lors des élections législatives anticipées, devant le Rassemblement National et Ensemble pour la République, l’ex-majorité (relative) présidentielle.
Emmanuel Macron, qui a déclenché cette crise politique majeure en organisant des élections législatives anticipées perdues par son camp, continue de présider seul comme s’il ne s’était rien passé dans la vie politique française. Il reste maître du temps politique, décidant seul du choix du futur chef du gouvernement. L’accusant de ne pas prendre acte du résultat des élections législatives et de ne pas vouloir nommer Lucie Castets à Matignon, les dirigeants de La France Insoumise ont annoncé vouloir engager une procédure de destitution, prévue à l’article 68 de la Constitution, à l’encontre du chef de l’Etat. Toutefois, ce coup de pression ne fait pas l’unanimité au sein du NFP. Les écologistes et les socialistes ont fait savoir qu’ils ne prendraient pas part à cette procédure de destitution, jugée « impraticable » comme le souligne Public Sénat.
Ce jeudi 22 août, selon Le Figaro, l’Elysée a confirmé que « la décision de nomination du ou de la Première ministre sera prise en considération » en fonction des critères recherchés « d’une majorité la plus large et la plus stable », le but étant de savoir dans « quelles conditions les forces politiques peuvent atteindre ces objectifs« . En somme, la nomination d’un.e Première.e ministre sera décidée uniquement par le chef de l’Etat. La verticalité de l’exercice du pouvoir macronien dans toute sa splendeur.
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