Jeudi 02 Mai

Le procureur n’aura pas de médaille pour la liberté de la presse !

Le procureur n’aura pas de médaille pour la liberté de la presse !

Depuis un an et demi, des journalistes essaient, en vain, de se voir remettre quelques jours avant, les rôles des audiences du tribunal judiciaire, pour mieux s’organiser.

Depuis début juillet, une lettre, à l’attention du procureur, a même été signée par chaque rédacteur en chef ou webmaster des médias suivants Guyane la 1ère, France-Guyane, Radio Peyi, Mo News, Guyaweb.

Ce courrier souhaite une réunion de travail pour une meilleure communication entre le parquet et la presse.

Peine perdue.

« Avant de prendre son poste, Yves Le Clair m’a déclaré : ‘ J’ai l’habitude de communiquer uniquement avec l’AFP, les autres médias se débrouillent ensuite ‘. Depuis, le procureur n’a jamais été joignable sur son téléphone de fonction, celui utilisé précédemment par le procureur Samuel Finielz », raconte Samuel Reffé, journaliste à Mo News.

Pour ma part, la première fois que je l’ai appelé, sur le même portable de fonction du procureur, c’était sur l’affaire du pasteur assassiné à Saint-Laurent du Maroni et sur une affaire concernant un militaire en Martinique (poursuivi en Guyane) pour « corruption portuaire ».

Yves Le Clair m’avait fait cette réflexion en substance « Vous avez de la chance, d’habitude je ne réponds pas aux appels ». A l’époque, j’étais aussi depuis 15 ans le correspondant de l’AFP. Un peu interloqué, j’ai constaté qu’ensuite le procureur ne répondait plus aux appels ni même aux mails lorsque je cherchais une réponse simple sur une affaire. Je ne l’appelle plus.

Progressivement, nous nous sommes rendus compte que nous n’étions pas les seuls dans ce cas.

A Guyane la 1ère, deux journalistes emploient le terme « mépris » afin de qualifier leur ressenti sur l’attitude du procureur.

Un communiqué de presse a été envisagé vers mars.

Puis finalement, une lettre au procureur a été rédigée, elle lui a été transmise début juillet dernier, elle a été signée par chaque rédacteur en chef ou webmaster des médias suivants Guyane la 1ère, France-Guyane, Radio Peyi, Mo News, Guyaweb.

Son objectif est clair. Il s’agit de mettre en place une réunion de travail pour une meilleure communication avec le parquet.

La lettre signée par les 5 médias entre mars et juillet en détails ci-après : /assets/lettre-au-procureur.pdf

La réponse consentie au porte-parole du groupe, représentant SNJ (Syndicat national des journalistes) et journaliste à Guyane 1ère Laurent Marot, est timide.

Yves Le Clair y indique par mail le 4 juillet après un échange verbal : « Comme indiqué, nous évoquerons cette question à la rentrée au regard de mes nouveaux effectifs. Bonne après midi »

Les vacances passent, pas de nouvelles de Yves Le Clair.

Laurent Marot le relance dans un mail le 20 septembre.

La réponse du procureur est encore plus fraîche : « je donnerai les modalités d’organisation » répond cette fois Yves Le Clair

La réunion semble annulée

Enième tentative de relance de monsieur Marot qui propose une réunion de 30 minutes avec les 5 médias signataires dans un mail de la semaine dernière : un non ferme lui est opposé à l’oral lors d’une discussion avec Yves Le Clair, à la réunion d’installation solenelle des nouveaux juges pour des raisons confinant aux préjugés envers certains journalistes ou médias, sans citer de nom ce qui rajoute au mystère.

N’étant pas d’accord avec cette réponse du procureur, je le lui indique dans un courriel adressé hier mercredi vers midi :

Je n’obtiens pas plus de réponse qu’à mes emails précédents.

Il y a 15 jours, j’ai appelé Joël Sollier, procureur général à la Cour d’appel, qui m’avait affirmé qu’il appellerait son procureur pour résoudre ce problème de mutisme : « C’est vrai qu’un procureur doit être dans les tranchées (…) pour les rôles je vais l’appeler pour que les médias puissent les avoir. Nous y avons aussi intérêt. »

Il convenait que lors d’une discussion avec le procureur celui-ci lui avait donné son sacro-saint principe :  » je réponds à l’AFP ».

C’est un peu maigre.

D’après les derniers nouvelles du front, l’envoi des rôles devrait se faire (au bout d’un an et demi !) et un email devrait être ouvert pour les journalistes avec une magistrate du parquet dédiée et réponse aux questions en 24 heures. C’est ce que certains d’entre nous proposions depuis un an.

Nous attendons Godot.

En tout cas, sauf coup de théâtre, pas de réunion avec le procureur Le Clair donc, pas d’autres sujets que nous comptions aborder avec lui, par exemple qu’en est-il du tribunal militaire qui est désormais de la compétence de la Guyane (sur les Antilles-Guyane qu’est devenu cette affaire qui concernait un militaire), les journalistes ne pourraient-ils être mieux installés que sur une table de fortune en bout de salle d’audience au tribunal judiciaire de Cayenne, les magistrats du parquet pourraient-ils tous utiliser les micros de la salle d’audience afin de ne pas s’adresser qu’au tribunal, comptez-vous un peu plus vous exprimer en vertu de l’article 11 du code de procédure pénale notamment sur les affaires qui défrayent la chronique, l’audience devant le juge des libertés et de la détention (JLD) a un principe de publicité or le parquet demande désormais systématiquement le huis-clos (1) etc.

Depuis un an, environ, nous recevons les rôles de la Chambre des appels correctionnels…

FF

(1) Selon Samuel Reffé qui a assisté à une audience du JLD sur une dame impliquée dans l’affaire des bébés brûlés de Rémire, le parquet s’étant ensuite rendu compte de sa présence, a demandé et obtenu le huis clos pour les audiences suivantes des personnes impliquées. Un exemple.

Mahrez Abassi : « une charte déontologique »

 

On ne le voyait plus beaucoup ces derniers temps. On ne peut pas dire que le président du Tribunal judiciaire, Mahrez Abassi, soit efficace pour les journalistes en terme de communication.

Exemple fin juin, Samuel Reffé, confrère journaliste, lui demandait audience, en ces termes, après des semaines à tenter en vain d’obtenir les rôles.

Un courriel resté lettre morte selon mon confrère.

Mes derniers rares emails à l’intéressé sont restés aussi sans réponse.

Selon Samuel Reffé : « Mahrez Abassi, président du tribunal correctionnel, avait lui conditionné l’obtention des rôles des audiences en correctionnelle à la mise en place d’une « charte déontologique » dans les médias de la place ».

Il s’agirait de ne pas mettre les noms, croit-on comprendre.

Rien ne l’interdit.

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1 commentaires

  • Bello973

    C’est dingue, comme on a parfois l’impression que lorsque l’on est trop loin du regard de Paris, même les plus éduqués et formés aux grands principes de l’Etat de droit, se permettent quelques facéties ou mesquineries exotiques, moralement ou intellectuellement dignes de républiques bananières.

    En même temps, ce n’est certainement pas une question de distance. Car même en métropole notre ministre de la justice doit aujourd’hui faire face à la CJR, pour une accusation de prise illégale d’intérêt. Il est même potentiellement menacé par une seconde affaire, pour s’en être pris à l’ancienne présidente de la cours d’appel de Cayenne. Le marigot est donc si vaste, bien au-delà de notre propre petit trou paumé envasé.

    A part ça, bien choisie la photo. Taquin à souhait. Et c’est bien la première fois que je vois un procureur ainsi bardé de médailles sur sa robe noire. Même les procureurs généraux, on les imagine en général plutôt sobre et sans artifices ostentatoires, comme devrait en effet s’incarner la fonction du « procureur qui doit être dans les tranchées ». Là, sur la photo ça commence tout de même à ressembler un chouilla à un général nord-coréen, niveau quantité de breloques… Et en plus, de la rétention malencontreuse sur une affaire mettant en cause un militaire? Quelle chance que nous ne soyons pas tous aussi suspicieux que Frog et Morvandiau…

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